2022 a marqué le grand retour de l'inflation
L’inflation accrue compliquera l’identification des sociétés dont les dividendes s’accroissent de façon durable. Il va selon nous s’avérer essentiel de mettre l’accent sur la résilience des marges de trésorerie disponible.
La croissance attrayante des dividendes en 2022 devrait être suivie d’une année 2023 de bon aloi, mais plus calme, de nombreux secteurs cycliques ayant dépassé leur pic en termes de bénéfices.
La grande interrogation porte sur l’impact d’un environnement inflationniste plus soutenu sur les dividendes à moyen terme.
2022 a marqué le grand retour de l’inflation. Aucun changement à signaler en revanche au niveau de la politique des entreprises en matière de dividendes, ce qui est compréhensible au vu de la nature à long terme de ces derniers. Nous pensons néanmoins que nous sommes à l’aube d’une période prolongée d’inflation accrue, du fait de la démondialisation, de la transition énergétique et d’une démographie défavorable en raison de l’augmentation du ratio de dépendance. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises vont selon nous devoir revoir leurs attentes en matière de rendement du capital. Nous ajustons les nôtres à cette nouvelle normalité de manière à éviter les entreprises dont les objectifs en matière de dividendes ne sont pas viables.
La capacité à afficher des marges de trésorerie disponible résilientes nous paraît désormais essentielle dans l’identification des sociétés dont les dividendes s’accroissent de manière durable. Par conséquent, nous nous attellerons à faire en sorte que les entreprises que nous détenons en portefeuille disposent d’un pouvoir de fixation des prix et d’une bonne maîtrise de la structure des coûts et des investissements en capital, combinés à un niveau d’endettement raisonnable. Cette discipline est plus importante que jamais car offrir des dividendes durables est plus prisé dans un environnement inflationniste.
Les opérateurs à bas coûts dans les secteurs de l’énergie et de l’exploitation minière, en revanche, semblent relativement séduisants. D’une manière générale, les prix des matières premières ont suivi le rythme de l’inflation, tandis que des actifs de première qualité et une bonne maîtrise des coûts leur ont permis d’atteindre des prix d’équilibre peu élevés. La discipline en matière de capital et le niveau d’endettement inscrit aux bilans se sont améliorés au cours de la dernière décennie et de nombreux acteurs sont bien positionnés pour réaliser leur transition vers une économie plus verte. De tels modèles économiques semblent plus viables aujourd’hui qu’à l’époque où l’inflation était atone et les modèles d’abonnement à prix fixe incontournables.
Dans le cadre d’une stratégie d’investissement axée sur le revenu, il est indispensable de veiller à la pérennité des dividendes. Le retour de l’inflation n’a fait que nous conforter dans notre choix de privilégier les sociétés qui affichent une croissance durable et offrent des revenus pérennes, car nous pensons qu’il s’agit de la meilleure façon de générer un rendement total tout au long du cycle. Toutefois, il nous faut admettre que les aristocrates du dividende, autrement dit les entreprises en mesure d’augmenter leurs dividendes chaque année, ne seront plus les mêmes. Au cours de la dernière décennie, les exploitants de tours de télécommunications américains faisaient figure de candidats idéaux en matière d’actions à dividendes, mais cela semble ne plus être le cas aujourd’hui.
Dividendes : revue 2022
L’année 2022 a été un bon millésime pour les dividendes, qui ont augmenté d’un peu plus de 7% en moyenne au niveau mondial, au cours d’une période durant laquelle la guerre en Ukraine et la politique « zéro Covid » de la Chine ont pesé sur la croissance du PIB mondial (Figure 1, partie droite). Les secteurs défensifs de croissance tels que la consommation de base, les services aux collectivités et la santé ont enregistré une augmentation de leurs dividendes de l’ordre de 5%, les entreprises de ces secteurs étant généralement en mesure de répercuter l’inflation grâce à une combinaison de marges élevées, de pouvoir de fixation des prix et de mécanismes de répercussion. Dans le même temps, certains des secteurs les plus cycliques, tels que la consommation discrétionnaire et l’industrie, ont connu une croissance des dividendes à deux chiffres, les entreprises étant aidées par la conjonction d’une reprise des marchés finaux, de prix de l’énergie favorables et de niveaux de dividendes post-pandémiques encore déprimés. A l’autre bout du spectre, le secteur des matériaux a connu des difficultés, les prix des matières premières ayant un impact sur les marges de nombreuses entreprises, et le secteur des communications a vu AT&T réduire son dividende à la suite de la scission de Warner Media.2
Figure 1: croissance des dividendes par secteur – 2023 et 2022
Source: Jefferies et FactSet, janvier 2021. Remarque : Aggrégation selon la méthode bottom-up, avec ajustement du flottant en fonction de l’univers MSCI actuel
Nous voilà enfin en 2023 !
Les perspectives de dividendes sont positives en 2023. Les prévisions s’établissent à 4% en moyenne au niveau mondial, ce qui constitue un taux de croissance sain, bien que plus modéré que celui que nous avons connu par le passé. Les dividendes des secteurs de l’énergie et des matériaux sont malmenés par les fluctuations des prix des matières premières, compte tenu des politiques de ratio de distribution des dividendes de nombreuses entreprises. Les secteurs de la finance et de la consommation discrétionnaire affichent une croissance séduisante, induite en grande partie par un mouvement de rattrapage des versements de dividendes par rapport à la période de la pandémie, que ce soit en raison de marchés finaux déprimés ou d’une certaine retenue dans le retour du capital aux actionnaires. Une fois de plus, les secteurs de croissance défensifs devraient générer une croissance des dividendes de l’ordre de 5%.