Chris Wagstaff, Head of Pensions and Investment Education chez Columbia Threadneedle Investments et chercheur invité au sein de la faculté de Finance de la Cass Business School de Londres.
Il est de plus en plus évident que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) nous mêne tout droit vers la catastrophe. Si rien n’est fait, la hausse conséquente des températures au-dessus des niveaux préindustriels – elles s’approchent déjà rapidement du point de non retour – entraînera des dégâts environnementaux encore plus graves, des phénomènes météorologiques extrêmes, des catastrophes naturelles, des récoltes faméliques et une perte de biodiversité potentiellement désastreuse. La pression médiatique et la puissance des images ont fermement ancré le changement climatique dans l’imaginaire collectif. Cependant, les responsables politiques et, dans une certaine mesure, les régulateurs, n’ont jusqu’à ce jour réagi que de façon limitée pour mettre un coup d’arrêt aux multiples sources d’émissions de GES, au financement des technologies émettrices de CO2 et prendre les mesures nécessaires afin de changer les pratiques de l’industrie, des entreprises et des individus. Manifestement, de telles interventions ne sont pas vraiment de nature à plaire aux responsables politiques, car la croissance économique, les émissions de carbone, les droits à la propriété et les libertés individuelles sont étroitement imbriqués depuis la révolution industrielle.
Cependant, ce manque d’initiative forte risque de profondément affaiblir le système économique et financier. En conséquence, cette situation est susceptible d’affecter la capacité des gestionnaires et des détenteurs d’actifs à, respectivement, générer et percevoir des rendements pérennes. Les détenteurs d’actifs seraient exposés à des risques d’un niveau inacceptable et en grande partie ingérables. Ainsi, il est temps pour eux de prendre des mesures correctrices et, en conséquence, de donner l’impulsion nécessaire pour relever l’un des plus grands défis auxquels l’humanité ait jamais dû faire face. Ainsi, en initiant des engagements collaboratifs avec les décideurs politiques et les régulateurs et en adoptant une gestion responsable des entreprises, les gestionnaires et détenteurs d’actifs institutionnels peuvent exercer une influence importante et sont susceptibles de changer la donne pour une transition vers un futur bas carbone. De de fait, il n’est nullement exagéré d’affirmer que les gestionnaires et détenteurs d’actifs ne sont pas seulement bien placés pour assumer le rôle de catalyseur d’une transformation radicale, mais ils ont également la capacité de se poser en chefs de file quant aux efforts à mener pour relever le plus grand défi systémique encore jamais relevé par l’humanité. C’est pourquoi le présent rapport examine comment détenteurs et gestionnaires d’actifs, que ce soit par des initiatives indépendantes ou associées à des actions lancées par des décideurs politiques ou des autorités, devraient réagir et ont effectivement réagi, et même anticipé les risques liés au changement climatique, qui sont potentiellement gigantesques et susceptibles de bouleverser la planète.